Le collège divise. Appartenance de classe, trajectoires scolaires et enseignement professionnel
Résumé
En nous fondant sur les données longitudinales de la depp, on voudrait en premier lieu dans cet article reconstituer les cheminements scolaires d’élèves entrés en 6e en 1995. Il s’agira par ailleurs de montrer, non seulement que le collège ne peut être qualifié d’« unique » qu’en minimisant le tri social effectué en son sein, mais aussi que l’enseignement professionnel constitue une composante essentielle du système d’enseignement, ayant pour fonction spécifique d’accueillir et d’offrir une « voie de salut » aux jeunes d’origine populaire les plus rétifs à la socialisation scolaire et/ou les plus en difficulté, exclus à ce double titre des études longues. Le collège apparaît ainsi comme une instance opérant un tri indissociablement scolaire et social, par le biais de trois procédures dont les effets se révèlent cumulatifs : le placement dans des classes atypiques, le redoublement et l’orientation en fin de 3e. Par ailleurs, en nous appuyant sur des entretiens issus de plusieurs enquêtes de terrain menées entre 2005 et 2008 dans des établissements d’enseignement professionnel, on cherchera à montrer comment les élèves donnent sens, rétrospectivement, à leur parcours scolaire antérieur, afin d’étoffer l’explication des carrières scolaires des jeunes d’origine populaire.
Mots-clés
- collège
- enseignement professionnel
- classes populaires
- carrières scolaires
- démocratisation scolaire
- redoublement
- orientation