Nature et légitimités des savoirs citoyens dans l'urbanisme participatif. Une enquête ethnographique à Paris

Enquêtes
Par Héloïse Nez
Français

Résumé

Si elle est utilisée par divers acteurs pour justifier la mise en place de nouveaux dispositifs participatifs, la notion de « savoirs citoyens » reste dans un large flou conceptuel. En s’inscrivant dans un débat classique de science politique sur la compétence politique des citoyens ordinaires et en s’inspirant des réflexions récentes de la sociologie des sciences autour de la notion de démocratie technique, des travaux de sociologie politique ont abordé cette question de manière globale et théorique. Afin de définir plus précisément l’apport épistémologique des citoyens ordinaires à l’action publique locale, cet article se focalise sur les politiques urbaines et repose sur une démarche empirique. Il s’appuie sur une enquête ethnographique menée pendant trois ans à Paris, pour définir la nature et le statut des savoirs citoyens, en lien avec les questions de légitimité et de pouvoir, dans les dispositifs d’urbanisme participatif. On observe une ouverture du cercle des savoirs et un déplacement de la frontière entre savoirs experts et savoirs profanes dans le champ urbain. Loin d’être limités au savoir d’usage pour lequel ils sont sollicités, les individus et les collectifs peuvent aussi mobiliser une expertise technique et des savoirs militants. Cette démocratisation de l’accès au savoir et au pouvoir reste toutefois limitée, car des inégalités sociales se maintiennent dans l’accès aux dispositifs et dans la capacité des participants à puiser parmi un panel diversifié de savoirs.

Mots-clés

  • démocratie participative
  • politiques urbaines
  • compétence politique
  • démocratie technique
  • Paris
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