Mesurer l'indifférence. Intégration européenne et attitudes des citoyens
Résumé
Ce texte teste l’hypothèse d’un changement dans les attitudes des citoyens européens envers l’intégration européenne au cours du temps, en termes à la fois de rupture du « consensus permissif » et de passage au « dissensus contraignant ». La thèse du « dissensus contraignant » théorisée par Hooghe et Marks renvoie au constat d’une politisation progressive des enjeux européens et par là d’une polarisation des attitudes des citoyens européens au fil de la consolidation du processus d’intégration européenne. À partir des données longitudinales de l’Eurobaromètre (1970-2002), ce texte démontre que le changement principal au sein des attitudes dans l’ère post-Maastricht est un déplacement vers une attitude indifférente et indécise, et non pas vers une attitude de rejet ou d’opposition. Au-delà de l’euroscepticisme, l’indifférence et l’indécision des citoyens ordinaires sont des phénomènes massifs restés pourtant jusqu’à présent peu étudiés. Cet article conclut qu’il est nécessaire d’incorporer la notion et le rôle de l’indifférence et de l’indécision à toute réflexion portant sur la légitimité du processus d’intégration européenne.
Mots-clés
- polarisation
- attitudes des citoyens
- mesures de dispersion
- intégration européenne
- consensus permissif