La critique est-elle indigne de la sociologie ?

Débats
Par Fabien Granjon
Français

Résumé

L’approche critique n’a pas toujours bonne presse et les lieux du culte sociologique se prêtent parfois à son encontre au jeu des anathèmes et des excommunications. Ce qui la rend la plus dérangeante, c’est certainement son inscription dans une culture du dévoilement, de la résistance et du changement social. Cette solidarité de principe avec le progrès social entendu comme une lutte contre les dominations visant l’émancipation se couple par ailleurs à d’autres formes d’exigence, notamment celle de démystifier le principe de neutralité axiologique. La nécessité de la critique se fonde également sur un principe empirico-théorique tenant le chercheur à égale distance des affres de l’empirisme sans concept et du théoricisme qui fait l’économie de l’administration de la preuve. C’est aussi celle du refus de l’hyperspécialisation et de la lutte contre la dispersion des sciences sociales et humaines. L’ambition de cet article n’est pas d’établir un catalogue systématique des nécessités et des vertus de la critique, mais d’en discuter quelques-uns de ses aspects parmi les plus importants, et notamment ceux envisagés par certains chercheurs comme susceptibles de justifier la proscription de la critique du champ des sciences sociales. Par-delà le picaresque académique, les liturgies et le gai savoir qui accompagnent les pathologies sociales de l’Homo academicus aux prises avec la démarche critique, nous souhaiterions ainsi revenir sur ses principaux attendus et en défendre l’heuristique à la fois scientifique et sociale.
Emmanuel Renault et Danny Trom ont accepté, l’un et l’autre, notre invitation à commenter cet article. Nous présentons leur contribution respective à la suite.

Mots-clés

  • critique
  • domination
  • réflexivité
  • neutralité axiologique
  • politique
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