Le prophète, les femmes, le diable. Ethnographie de l'échec d'une Église pentecôtiste africaine en France
Cet article se propose de revisiter, sous l’angle de la « séduction » homme/femme (en croisant théories du genre et anthropologie des religions), la première étude de cas menée sur l’échec de l’installation d’une Église pentecôtiste africaine en France. L’entreprise religieuse avortée d’un pasteur-prophète canadien d’origine congolaise est analysée à partir des contradictions internes de l’autorité charismatique invoquée dans cette Église. Le vocabulaire des structures de la « parenté spirituelle », qui servait à formaliser la hiérarchie interne de l’assemblée, est en pratique instable dans la mesure où l’insécurité matrimoniale des fidèles place la plupart des « filles spirituelles » dans la position d’épouses en devenir. La séduction exercée par le pasteur-prophète n’est jamais étrangère au fonctionnement concret de l’assemblée. Deux éléments viennent révéler cette instabilité : une accusation de sorcellerie, portée par une femme contre une autre, proche du pasteur ; le re-mariage coutumier du pasteur, qui disloque la parenté spirituelle en valorisant l’autorité de la parenté charnelle. En s’appuyant sur une description des acteurs et des événements, l’article montre les bénéfices d’une ethnographie de l’échec.
Mots-clés
- religion
- échec
- ethnographie
- Église pentecôtiste africaine
- sexualité