Des études rurales à l'analyse des espaces sociaux localisés
La société urbaine semble avoir envahie tous les espaces réduisant à néant l’objet de la sociologie rurale et de l’ethnologie de la France. Ces disciplines se sont constituées sur une coupure urbain/rurale franche, réservant à l’urbain le vocabulaire canonique de la sociologie comme l’analyse des classes sociales. Une conceptualisation ad-hoc (société paysanne, communauté, collectivité villageoise, interconnaissance villageoise, notable) empruntée à l’anthropologie a fondé les études rurales. L’évolution radicale des mondes ruraux contemporains a balayé cette conceptualisation. Mais les mondes ruraux contemporains sont-ils aujourd’hui les stricts équivalents des mondes urbains ? Nous défendons ici l’idée que la morphologie sociale des mondes ruraux contemporains ne correspond ni à une « France moyenne en réduit », ni à des « particularités locales ». De manière récurrente, on observe dans les mondes ruraux contemporains une surreprésentation des classes populaires, notamment ouvrières, et une sous-représentation des franges culturelles des mondes supérieurs. De même, des phénomènes de double ou multi-résidences participent d’une appartenance à divers degrés à l’espace social observé. Nous proposons ici de reconstruire une sociologie des mondes ruraux, comprise comme une sociologie de la localisation des groupes sociaux à l’échelle macro-sociale et une sociologie des espaces sociaux localisés, produits de la localisation différenciée des groupes sociaux sur le territoire.
Mots-clés
- mondes ruraux
- espace social localisé
- classes sociales
- stratification sociale