De l’hétérogénéité des classes populaires (et de ce que l’on peut en faire)
S’il est possible de définir les classes populaires comme celles et ceux qui sont situés dans une position sociale dominée et qui présentent des caractéristiques culturelles à l’écart des normes sociales dominantes, il est plus difficile de tracer une frontière entre les familles qui relèvent de la catégorie et celles qui en sont exclues. De même, l’homogénéité des classes populaires est empiriquement infirmée et la catégorie ne peut plus être appréhendée qu’au pluriel. Partant de ces constats et s’appuyant sur une démarche élaborée lors d’une recherche sur les trajectoires scolaires des élèves de classes populaires, cet article défend une sociologie de l’articulation. De fait, après avoir reconstitué l’espace des positions sociales au moyen des variables professionnelles, géographiques, familiales et économiques présentes dans les dossiers scolaires, il propose d’approcher les classes sociales au moyen de configurations de positions sociales qui englobent d’un seul tenant une multitude de variables ainsi que leur modalité d’articulation. Ainsi sont construits un pôle cité [familles immigrées], un pôle cité [familles fragilisées], une « élite ouvrière », des « familles populaires entre-deux » et une « petite fonction publique », distincts des classes moyennes et supérieures. Ces configurations rendent intelligibles la diversité des modalités de socialisation familiale – et leurs contradictions – ainsi que la pluralité des trajectoires scolaires des élèves de classes populaires.
Mots-clés
- positions sociales
- classes populaires
- école
- socialisation