Prudence et ruse comme capacités d’action managériale et politique. Le cas des équipes de direction pénitentiaire belges
Cette contribution à l’analyse sociologique du travail des équipes de direction pénitentiaire éclaire le fondement de leur activité : la gestion de la détention. Celle‑ci s’exerce dans des organisations marquées par une forte « régulation autonome » aux mains des surveillants mais aussi, depuis une quinzaine d’années, par un renforcement de la « régulation de contrôle » politico‑administrative (Reynaud, 1988). Celle‑ci est d’autant plus affirmée que ces équipes évoluent dans un contexte de travail caractérisé par un phénomène endémique de surpopulation pénitentiaire et par la densification des relations d’interdépendance entre les prisons et leur environnement. Malgré les contraintes qu’impliquent ces recompositions, les membres de ces équipes manifestent certaines capacités d’action au travers de deux types de pratiques délibératives leur permettant d’orienter – marginalement et éthiquement – les organisations et les politiques pénitentiaires. L’une, prudente (Champy, 2012), consiste à articuler subtilement contraintes et opportunités par un contournement des règles dans des situations incertaines ; l’autre, rusée (Lécu, 2013), consiste à s’appuyer sur des partenaires externes pour dénoncer l’hypocrisie de certains discours politiques.
Mots-clés
- équipes de direction
- management carcéral
- politiques pénitentiaires
- recompositions
- régulation
- prudence
- ruse