Qui organise l’évaluation dans les sciences humaines et sociales en France ?

Enquêtes
Une approche par les profils de carrière
Par Joël Laillier, Christian Topalov
Français

La question de l’évaluation se tient au cœur des réformes récentes du gouvernement de la science. Elle se décline sur de multiples objets et détient de ce fait un pouvoir réel sur la pratique scientifique en orientant les recherches, en modifiant les façons de faire, en promouvant certains chercheurs, laboratoires ou thématiques, et en marginalisant d’autres. Fondée sur l’évaluation par les pairs, dont elle tire la revendication de sa légitimité, elle laisse dans l’ombre celles et ceux qui organisent ces évaluations, qui les encadrent – par le contrôle des procédures, le choix des évaluateurs, la notation, etc. Une analyse des profils académiques de ces « organisateurs de l’évaluation » en sciences humaines et sociales au sein de deux instances « collégiales » élues (le CoNRS et le CNU) et des deux agences issues des réformes récentes (l’AERES et l’ANR) permet d’observer une différenciation entre les institutions qui ne s’explique pas seulement par les spécificités et les missions dévolues à chacune. En particulier, les nouvelles agences voient l’essor de nouveaux profils académiques souvent proches du pouvoir politique et fortement investis dans les organes d’administration des universités. Ce recrutement différencié fait apparaître plus précisément les logiques des transformations opérées ces toutes dernières années dans l’organisation de la science en France.

Mots-clés

  • sciences humaines et sociales
  • évaluation
  • carrières académiques
  • réformes
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