La philanthropie aux États‑Unis et en France
La philanthropie est une pratique sociale et politique née en Europe et développée aux États‑Unis. L’État français a longtemps contenu ces corps intermédiaires dont les intérêts particuliers étaient entourés de suspicion en ce qu’ils concurrençaient l’administration centrale sur le terrain de la production de l’intérêt général. La France et les États‑Unis sont traditionnellement opposés quant à la forme de l’État, la religion dominante et la conception de la démocratie. Ce bilan critique se propose d’éclairer ces dynamiques sociopolitiques par la nuance. Il montre qu’en France comme aux États‑Unis, la philanthropie est née d’une dissension politico‑religieuse. Les transformations profondes de ces sociétés au xixe siècle appellent à la formation d’une économie politique. Cette réponse morale et scientifique à l’urbanisation est étayée par les organisations philanthropiques aux États‑Unis. En France, le pouvoir central capte cette formulation en contrôlant les fondations plus qu’en les annihilant. Si la philanthropie apparaît aux États‑Unis comme une véritable industrie démocratique, c’est qu’elle matérialise un engagement civique relativement dissocié de la politique. La France quant à elle, en confondant civil et politique, en vient à considérer historiquement les élites philanthropiques non démocratiques. Un refus progressivement levé depuis une trentaine d’années, et plus récemment avec l’entrée des fondations dans les financements publics.
Mots-clés
- philanthropie
- France
- États‑Unis
- État et société civile
- pauvreté