Sur le chemin de la sérénité. Politique des sentiments dans la planification familiale

Par Aurore Dupuy, Sébastien Roux
Français

En France, les centres de planification et d’éducation familiale proposent des consultations médicales et un accompagnement à la contraception et à l’interruption volontaire de grossesse. À partir d’une enquête ethnographique réalisée dans deux unités de la région parisienne, cet article montre comment des institutions agissent, en pratique, sur le corps et la psyché des femmes. La prise en charge encourage le déploiement d’une nouvelle manière d’appréhender son potentiel reproducteur. Cette action – féministe dans son principe et son exercice – renforce les capacités des usagères et le contrôle qu’elles exercent sur leur corps et leur sexualité ; mais elle est aussi un projet politique qui, par le soin et le soutien, participe d’un processus de réforme de soi. Or ce travail, adossé à une définition normative de l’identité féminine, ne fait pas qu’émanciper. Il produit aussi de nouvelles logiques discriminatoires et renforce des hiérarchies raciales qui interrogent, dans le contexte français, les enjeux nationalistes et citoyens qui façonnent les questions reproductives et sexuelles.

Mots-clés

  • institution
  • reproduction
  • affect
  • avortement
  • racialisation