Boarding Classes. Mesurer la démocratisation du transport aérien en France (1974-2008)
Alors que la mobilité spatiale apparaît tout à fait centrale dans les logiques de stratification sociale, de nombreux travaux s’intéressent à la très forte progression des pratiques de mobilité, arguant d’une véritable démocratisation. Parmi les pratiques de mobilité qui bénéficient d’une banalisation particulièrement forte et intense figure le recours au transport aérien, dont l’accès est spécialement rare et valorisé. Le discours quasiment unanime de la démocratisation du transport aérien invite précisément à s’interroger sur celle-ci et à en poser les limites. Aussi s’agit-il de définir cette démocratisation selon la composition et les recompositions sociales des voyageurs aériens au fil du temps. L’analyse des chances de recours au transport aérien dans les déplacements de longue distance, ainsi que la composition sociale des voyageurs aériens en fonction de caractéristiques sociodémographiques mais aussi des conditions et des motifs de voyages, repose ici sur l’exploitation secondaire de données des Enquêtes nationales transports de 1974, 1981, 1993 et 2008. Nous montrons notamment que la banalisation du transport aérien se comprend essentiellement comme une démocratisation quantitative – autrement dit une augmentation uniforme des chances d’avoir recours au voyage aérien – accompagnée d’une certaine forme de polarisation – c’est-à-dire une multiplication des voyages plutôt qu’une multiplication des voyageurs.
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