Les rapports sociaux dans les quartiers de mixité sociale programmée

Enquêtes
Par Joanie Cayouette-Remblière
Français

Cet article prend pour objet les ensembles neufs construits en zone urbaine dense au sein desquels une partie des logements est réservée au secteur social, des espaces que nous proposons de nommer quartiers de mixité sociale programmée. Il s’appuie sur l’étude de deux d’entre eux. Après avoir décrit la genèse de la construction de ces projets, il montre que, si l’étude de leur composition sociale met en évidence une mixité sociale arithmétique « quasi parfaite », celle-ci n’est acquise qu’en faisant venir des classes moyennes et supérieures dans des villes de la « banlieue rouge » où elles étaient peu nombreuses. L’étude des choix résidentiels des habitantes des quartiers de mixité sociale programmée révèle ensuite que les propriétaires qui s’y installent sont au début de leur carrière immobilière alors que les locataires HLM sont relativement sur-sélectionnés. Ces différences de trajectoires charrient avec elles des différences de structures par âges : les 10-24 ans sont largement plus nombreux au sein des ménages locataires HLM que chez les autres. À rebours des idéaux prêtés à la mixité sociale, l’analyse des réseaux de sociabilité montre, d’une part, la faiblesse des relations sociales parmi les habitantes et, d’autre part, le caractère structurant du statut d’occupation dans celles-ci. Pour autant, ces quartiers ont bien des effets socialisateurs, notamment sur les représentations sociales des classes moyennes et supérieures, amenées à revisiter leurs conceptions des classes populaires et par-delà, leur position dans l’espace social.

  • mixité sociale programmée
  • logement social
  • relations de voisinage
  • socialisation résidentielle
  • recomposition des groupes sociaux
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