Que deviennent les référents « radicalisation » ? Une étude des référents laïcité citoyenneté de la Protection judiciaire de la jeunesse

Par Clément Beunas
Français

Depuis la série d’attaques terroristes survenues en France en 2015, les gouvernements successifs ont appelé à la création de « référents radicalisation », ce type de poste s’étant développé dans un nombre croissant d’administrations sur tout le territoire national. À travers l’étude du cas des référents laïcité citoyenneté de la Protection judiciaire de la jeunesse, l’objectif de cet article est de questionner comment ces postes sont investis plusieurs années après leur création. On montrera d’abord que le contexte de création de ce type de poste, les profils des agents recrutés et les modalités d’implantation dans l’administration qui sont les leurs contribuent à produire nombre des tensions vécues par ces agents. Isolés, en déficit de légitimité, sans expertise partagée et amenés à produire les chiffres de la radicalisation, ces référents expérimentent parfois durement leurs missions. Dans ce contexte difficile, on présentera enfin les ressorts déployés par ces agents face à une dévalorisation de leurs missions, en reprenant pour cela les catégories développées par Albert Hirschman : si certains prennent la parole (voice), d’autres partent (exit), tandis que les derniers, parfois de guerre lasse, restent loyaux à l’administration (loyalty).

  • référent laïcité citoyenneté
  • Protection judiciaire de la jeunesse
  • radicalisation