Autonomie temporelle dans le travail salarié et articulation des temps sociaux. Qui peut organiser son temps quotidien ?
Cet article vise à redéfinir et réintroduire l’autonomie temporelle professionnelle dans l’analyse des usages du temps de la population salariée, en définissant trois dimensions : l’autonomie sur les heures travaillées, sur les arrêts de travail et sur l’organisation du travail. Nous nous appuyons sur un échantillon représentatif de 8100 salariés issu de l’enquête Emploi du temps 2010 pour identifier et décrire huit configurations types d’autonomie temporelle professionnelle. Les individus bénéficiant d’une « autonomie “absolue” » sont autonomes sur leurs horaires, leurs arrêts et l’organisation de leur travail ; les individus aux « contraintes “absolues” », à l’inverse, sont contraints sur ces trois dimensions ; et les individus disposant de configurations intermédiaires sont autonomes sur une dimension et contraints sur les autres. Pour les types les plus autonomes, on observe une exacerbation des inégalités dans les usages du temps entre hommes et femmes, les femmes consacrant davantage de temps au travail non rémunéré et au loisir, tandis que les hommes favorisent le travail rémunéré, source de valorisation sociale. Ces différences s’atténuent lorsque l’autonomie est très faible ou correspond à une situation fixe et routinière. Tandis que l’autonomie temporelle professionnelle a souvent été exclue de l’analyse des usages du temps, ou limitée au choix des horaires de travail, nous en proposons une définition multidimensionnelle pour mieux en saisir les usages différenciés entre hommes et femmes.
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- temps sociaux
- conditions de travail
- genre