« Naturels » ou « naturalisés » ? Le travail d’identification des rapatriés d’Algérie par l’État et ses effets sur la recherche en sciences sociales

Théories et méthodes
Par Marie-Paule Couto
Français

Il est commun de désigner sous l’expression « pieds-noirs » les Européens d’Algérie arrivés en métropole principalement pendant l’été 1962. Ces derniers sont susceptibles de porter, s’ils en ont fait la demande, le statut de « rapatriés ». À la sortie de la guerre d’Algérie, il fallait disposer de la citoyenneté française pour obtenir ce statut et bénéficier du secours de l’État. Les autorités ont donc procédé à l’identification, parmi les migrants originaires d’Algérie, des ressortissants français afin de soutenir leur installation en métropole. Cet article vise à dénaturaliser les labellisations institutionnelles de « citoyens » et de « rapatriés » en analysant la manière dont elles ont été construites par les pouvoirs publics, reçues par les administrés, mais aussi utilisées par les chercheurs en sciences sociales. Migrants mais citoyens, les rapatriés ne semblent pas représenter un objet d’étude légitime pour les sociologues de l’immigration, d’autant que les catégories de la statistique publique contribuent à les invisibiliser. En revenant sur la construction et les effets performatifs de leur identité de papier à partir de textes légaux, d’entretiens et d’archives de la statistique publique, ce travail entend interroger certaines prénotions concernant les Européens d’Algérie en France et souligne l’intérêt à mieux considérer le devenir de cette population.

  • rapatriés d’Algérie
  • identification nationale
  • statistique publique
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