Choisir un livre dans une offre (il)limitée

Au carrefour d’une sociologie de la consommation culturelle, des intermédiaires et de la lecture, cet article examine la manière dont les lecteurs et lectrices de romans se saisissent des différentes formes de prescription auxquelles ils et elles sont exposé·es dans le lieu de la librairie indépendante, dans le but de faire leur choix parmi l’offre éditoriale. À partir d’une enquête par questionnaire et entretiens semi-directifs, il s’agit d’interroger l’influence du travail de prescription mené par les libraires ainsi que du travail éditorial réalisé en amont sur les œuvres et qui se donne à voir dans le péritexte éditorial. Si de nombreux travaux ont déjà démontré l’inégale répartition des pratiques de lecture ainsi que les modalités classantes de la pratique, l’apport de cet article est de montrer que le rapport que les lecteur·rices entretiennent avec les intermédiaires et la façon dont ils et elles mobilisent leur travail de prescription pour se retrouver dans le large éventail de choix qui leur y est offert est une modalité supplémentaire des pratiques de lecture qui reflète également de fortes disparités sociales.