Une saison en enfer ? Temps, espace et domination chez les étudiant·es confiné·es au printemps 2020

Enquêtes
Par Adrien Delespierre, Patrick Peretti-Watel, Pierre Verger
Français

Le confinement du printemps 2020 a eu pour effet de renforcer la domination subie par les étudiant·es peu doté·es économiquement et scolairement en les dépossédant, plus encore qu’à l’ordinaire, de leurs capacités d’agir, de la maîtrise de leur temps et de leur espace, et de leurs moyens de se projeter dans l’avenir. On analyse d’abord les contraintes pesant sur le « choix » du lieu de confinement, afin de voir comment les inégalités de ressources économiques et résidentielles se traduisent pour les étudiant·es précaires par une réduction extrême de l’espace à leur disposition. L’intensification des contraintes temporelles et spatiales s’exerce en outre à travers les emplois salariés dont continuent à dépendre certain·es étudiant·es isolé·es et précaires, soumis durant le confinement à des horaires augmentés et des conditions de travail dégradées. Le délitement des calendriers universitaires et la fermeture des lieux d’études imposent également aux étudiant·es dominé·es socialement et scolairement une attente sans cesse prolongée qui déjoue leurs anticipations, perturbe leur préparation aux examens et accroît leurs incertitudes à l’égard de l’avenir. L’inégale répartition du pouvoir de maîtriser et de rentabiliser son temps durant cette période de crise tient enfin aux dispositions temporelles liées à l’origine sociale, ainsi qu’aux conditions de vie en confinement où elles s’actualisent.

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