Un télétravail aux bénéfices inégaux

Par Gabrielle Schütz
Français

En étudiant le télétravail à partir de ses cadrages organisationnels et en l’inscrivant dans les rapports sociaux de domination, cet article, fondé sur deux monographies longitudinales d’administrations conduites entre 2018 et 2023, montre que les organisations construisent des régimes de télétravail différenciés aux bénéfices inégaux selon la position occupée au sein de leurs hiérarchies professionnelles et genrées. Si la crise sanitaire et les politiques organisationnelles de télétravail ont produit un élargissement de la pratique du travail à distance, qui s’est un peu démocratisée et fortement féminisée, il n’en reste pas moins que les cadrages du télétravail sont très divers. Entre concession d’avantages sociaux et mise en place volontariste de « nouveaux modes de travail », ces cadrages ne sont pas neutres, rejouant plus ou moins fortement les inégalités entre femmes et hommes et entre cadres et non-cadres. Ils pèsent sur la construction de l’éligibilité au dispositif, produisant un accès au télétravail inégal entre les organisations et en leur sein, informant aussi les décisions des salarié·es de s’en saisir ou non. Les modalités d’exercice du télétravail varient également fortement pour les différentes catégories de main-d’œuvre d’une même organisation, avec des bénéfices inégaux selon le type de contrôle du travail, l’ampleur de l’autonomie temporelle à laquelle il donne accès et ses effets sur les rythmes de l’activité.

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