Socialisation

Michel Castra, « Socialisation », in Paugam Serge (dir.), Les 100 mots de la sociologie, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que Sais-Je ? », 2e édition, 2018, p. 97.

La socialisation désigne les mécanismes de transmission de la culture ainsi que la manière dont les individus reçoivent cette transmission et intériorisent les valeurs, les normes et les rôles qui régissent le fonctionnement de la vie sociale.

La socialisation « manifeste » peut être assimilée à un processus volontaire et explicite visant à structurer la personnalité d’autrui. La socialisation « latente » correspond davantage à un processus où l’enfant intériorise les normes et les valeurs de la société dans laquelle il vit sans qu’il y ait d’apprentissage spécifique ni réelle conscience de participer à ce processus. Pour George H. Mead, c’est par la confrontation aux « autruis significatifs » puis aux « autruis généralisés » que ce processus (§ 68) de socialisation latente va s’effectuer[1].

La socialisation doit être considérée comme un processus continu qui concerne les individus tout au long de leur vie. On distingue classiquement une socialisation primaire et une socialisation secondaire[2]. La socialisation primaire correspond à la période de l’enfance. Ce processus s’effectue d’abord dans la famille qui en constitue l’instance principale ; son action est essentielle pour la structuration de l’identité sociale. L’école représente une autre instance majeure de la socialisation primaire : pour Émile Durkheim, cette socialisation méthodique de la jeune génération par la génération adulte permet d’inculquer les normes et les valeurs qui constituent le fond commun de la société[3]. L’enfant se socialise également de manière plus informelle à travers le groupe des pairs. La socialisation secondaire se fonde sur les acquis de la socialisation primaire, les prolonge et éventuellement les transforme. Elle permet aux adultes de s’intégrer à des groupes spécifiques (travail, association, parti politique…) ; chaque individu est ainsi socialisé aux différents rôles sociaux et aux statuts qui seront les siens au cours de sa vie. Si elle est particulièrement intense pendant l’enfance, la socialisation n’est donc jamais achevée, ses résultats sont provisoires et toujours susceptibles d’être remis en question.

Pour découvrir les 99 autres « mots de la sociologie »…

> Retrouver le livre sur le site des Presses universitaires de France
https://www.puf.com/les-100-mots-de-la-sociologie

> Et sur la plate-forme Cairn.info (édition 2010)
https://www.cairn.info/les-100-mots-de-la-sociologie–9782130574057.htm

 


[1] George H. Mead, L’Esprit, le soi, et la société, Paris, puf, [1934], coll. « Le lien social », 2006.

[2] Peter L. Berger, Thomas Luckmann, La construction sociale de la réalité ,Paris, A. Colin, [1966], 2006.

[3] Émile Durkheim, Éducation et sociologie,  Paris, puf, [1922], « Quadrige », 2012.